Le Dr Richard Kayembe Kojan, originaire de la RDC, a reçu le « Game Changing Innovator » Award et Olivia Ngou, du cameroun, le « Rising Champion Award » décernés par REACH (Recognizing Excellence Around Champions of Health) décernés le 19 novembre lors du Forum Reaching the Last Mile à Abou Dhabi.
Plus de 600 candidatures ont été reçues de plus de 80 pays pour les prix de cette année. Ceux-ci ont été réduits à un groupe de quinze finalistes qui couvraient un vaste domaine de la santé mondiale, notamment la prévention de la propagation de la poliomyélite et du virus Ebola, l’éradication de l’onchocercose (cécité des rivières) et d’autres maladies tropicales négligées, l’amélioration de la santé des femmes, la sensibilisation et le financement contre le paludisme et la tuberculose, et les systèmes de santé en évolution dans leurs communautés locales.
Le Dr Richard Kayembe Kojan, médecin anesthésiste réanimateur congolais et actuel président d’Alliance pour l’action médicale internationale/ The Alliance for international medical action), a reçu le prix des mains de Bill Gates pour la création de la Chambre d’urgence bio-sécurisée pour les épidémies (CUBE), dont il est un des membres fondateurs. La CUBE est une unité de traitement autonome, facilement transportable, pour les maladies hautement infectieuses.
Cette chambre individuelle permet au personnel médical de surveiller et soigner les patients atteints d’Ebola dans les zones reculées et à faibles ressources.
La spécificité de CUBE, indique ALIMA, est de faire passer la protection du soignant au patient infecté. La structuration (parois transparentes/bras externes) permet aux équipes médicales d’assurer une surveillance continue du malade en réduisant les risques de contamination, contrôler ses constantes, administrer des solutés et adapter le traitement depuis l’extérieur sans avoir à porter un équipement de protection individuelle. La famille reste également en contact grâce aux parois transparentes sans risque de contamination.
Les CUBE ALIMA, explique-t-on, sont actuellement déployées pour lutter contre l’épidémie Ebola en République démocratique du Congo. Les 30 CUBE du pays, fait-on savoir, ont permis de baisser le taux de mortalité des patients de 35%. La CUBE, explique-t-on, modifie la manière dont le personnel médical interagit avec les patients, car les parois transparentes des murs permettent aux patients et à leurs proches de communiquer en toute sécurité.
« Ce prix que je reçois au nom d’ALIMA, est un honneur pour moi, mais c’est l’innovation médicale apportée par cet outil, au bénéfice du patient, qui doit être récompensée. C’est un travail d’équipe et je salue la performance de mes collègues co-créateurs de la CUBE. C’est grâce à cette intelligence collective, aux soignants et salariés ALIMA qui sont quotidiennement présents sur le terrain, que nous transformons la médecine humanitaire, en mettant au cœur de nos projets l’innovation qui permet d’apporter les soins nécessaires pour un patient Ebola », a déclaré le Dr Richard Kayembe Kojan.
Ce dernier a expliqué qu’avant la création de la CUBE, le patient Ebola devait rester seul, sans surveillance médicale, sans sa famille. « La situation était difficile pour les patients, les agents de santé, les familles et les communautés. Grâce à la CUBE, le patient atteint du virus Ebola peut passer du temps avec sa famille. Il peut garder contact avec son entourage, sa communauté. La CUBE change la vie des patients atteints d’Ebola », a déclaré le docteur Kayembe Kojan.
Diplômé de l’université de Kinshasa, le docteur Kayembe Kojan a travaillé dans le secteur public et dans des structures privées. Il travaille depuis 12 ans dans le monde humanitaire en tant que médecin anesthésiste, référent technique des urgences et soins intensifs, référent médical projet, directeur médical, coordinateur médical, chef de mission et référent médical régional basé à Dakar (Sénégal). Il a commencé sa carrière humanitaire au sein d’organisations internationales, d’abord dans son pays d’origine, la République démocratique du Congo, puis comme expatrié durant une dizaine d’années. Il a rejoint ALIMA en 2010 suite au tremblement de terre en Haïti, où il a travaillé sur un projet de chirurgie pour les blessés. Il a ensuite occupé plusieurs fois des postes de médecin référent soins intensifs, coordinateur médical et chef de mission, médecin desk. Son domaine de travail d’analyse est les soins intensifs. Il a travaillé avec Médecins Sans Frontières avant de rejoindre ALIMA créée par des spécialistes de l’aide humanitaire venant de MSF. Il occupe la fonction de président depuis 2015.
Lutter contre la Malaria
Pour sa part, la camerounaise Olivia Ngou, 34 ans, a reçu le prix « Rising Champion Award ». Elle a été primée pour avoir cofondé et dirigé la Société civile pour l’élimination du paludisme (CS4ME), un réseau mondial d’organisations de la société civile qui veille à ce que les communautés soient au centre des efforts visant à éliminer le paludisme. Elle a été nommée par l’organisation « Malaria No More », une organisation à but non lucratif qui vise à mettre fin aux décès causés par le paludisme.
En grandissant au Cameroun, elle a souffert fois de paludisme, y compris un cas grave lorsqu’elle était jeune fille. Après avoir travaillé en tant que stagiaire à l’ONU pour combattre la maladie, elle a cofondé l’ONG Civil Society for Malaria Elimination , au Cameroun, qui rassemble des personnalités politiques, des célébrités, des associations caritatives, les médias et d’autres acteurs dans le but d’éliminer le paludisme.
Olivia Ngou travaille depuis plus de 10 ans dans la lutte contre le paludisme en Afrique. Elle est actuellement directrice de la Global Civil Society for Malaria Elimination (CS4ME), premier réseau mondial de partage et de soutien aux organisations de la société civile impliquées dans la lutte contre le paludisme. Elle est à l’origine de la déclaration de la société civile réunie au congrès mondial de Melbourne en juillet 2018, appelant à une plus grande implication des communautés dans la lutte contre le paludisme. Cette déclaration est à l’origine de CS4ME.
Olivia Ngou avait rejoint Malaria No More en 2010, où elle a successivement occupé des postes dans la direction des programmes. Elle a aussi été directrice du Bureau au Cameroun de Malaria No More.Ses activités de plaidoyer incluent la participation d’un large éventail de parties prenantes, des étudiants aux parlementaires, pour les aider à comprendre l’importance de leur rôle dans la lutte contre le paludisme et les inciter à agir.
Elle est également membre actif du conseil d’administration d’UNITAID, une organisation internationale d’achats de médicaments, chargée de centraliser les achats de traitements médicamenteux afin d’obtenir les meilleurs prix possibles, en particulier à destination des pays en voie de développement.
Olivia Ngou est aussi membre du conseil d’administration du Fonds mondial dans la délégation des communautés, et du comité de pilotage de l’organisation mondiale Roll Black Malaria (RBM) qui lutte contre la malaria dans le monde.
Les efforts d’Olivia Ngou visant à accroître la volonté politique et les ressources nationales dans la lutte contre le paludisme ont permis au Cameroun d’augmenter son financement interne au paludisme de plus de 400% ces dernières années. Le gouvernement camerounais invite régulièrement Olivia Ngou à participer à des groupes de travail techniques chargés de mettre en place des politiques incluant des soins de santé universels et des plans stratégiques nationaux visant à traiter durablement le paludisme et d’autres problèmes de santé.
africanshapers.com