Soldats français morts au Mali: le Liptako Gourma, zone de combats

Treize soldats français sont morts, lundi soir, dans le nord du Mali. Deux hélicoptères de la force Barkhane sont entrés en collision, lors d’une opération antiterroriste dans la région des trois frontières avec le Niger et le Burkina Faso.

L’accident a eu lieu dans le Liptako Gourma, où se concentre l’essentiel des combats dans cette région, dite des trois frontières, entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Une région où pullulent les groupes terroristes armés, qui se jouent des frontières et se fondent dans une population qui vit majoritairement du pastoralisme. Une zone humide, sablonneuse, difficile d’accès. Un repère idéal pour des groupes armés.

C’est précisément là, à l’est de Gao, à Indélimane, que les forces armées maliennes ont essuyé le 1er novembre une attaque qui a coûté la vie à une cinquantaine de soldats. Un mois plus tôt, une quarantaine d’hommes au moins ont été tués dans un double assaut contre les positions militaires à Boulkessy et Mondoro, près de la frontière du Burkina Faso.

Ce sont les pertes les plus lourdes essuyées par l’armée malienne depuis plusieurs années. Depuis, l’armée malienne a annoncé se replier de ses positions isolées exposées aux attaques jihadistes près de la frontière du Niger et du Burkina Faso pour se regrouper sur des places plus fortes.

Une opération héliportée délicate

Dans cette zone, en ce moment, c’est donc essentiellement Barkhane qui mène aujourd’hui des opérations avec l’appui du G5 Sahel. De source officielle, les militaires français combattaient les hommes de l’EIGS, l’État islamique au Grand Sahara, menés par Abou Walid al-Sahraoui. À cette heure, on ne connait pas les raisons exactes de cet accident, mais une opération héliportée de nuit est toujours délicate.

L’hélicoptère de transport de troupes, le Cougar évoluait près du sol, disponible pour un « toucher poussière », et ce dans l’obscurité la plus absolue. En revanche, le rôle de l’hélicoptère Tigre est d’orbiter, de tourner autour pour assurer une protection, les deux appareils ne doivent jamais s’approcher, pour le moment on ignore ce qui a pu arriver.

Sur le plan tactique, ces opérations héliportées restent pourtant les plus efficaces dans la lutte antiterroriste, insiste Jean Marc Tanguy, journaliste spécialisé dans l’actualité militaire : « L’hélicoptère permet de parcourir rapidement des grandes distances et surtout d’avoir ce que l’on appelle la ‘’foudroyance’’. C’est vraiment l’un des moyens de créer un effet de surprise au Sahel alors que les opérations qui emploient un très grand nombre de véhicules sont tout de suite détectées par les groupes armés terroristes. »

Un tournant au Sahel ?

Ces deux dernières semaines dans cette zone une vaste opération baptisée Bourkou 4 a eu lieu, du 11 au 17 novembre. Près de 1 400 militaires ont été déployés sur le terrain, dont plusieurs centaines de Burkinabés, Maliens et Nigériens. Le bilan officiel est d’une vingtaine de terroristes tués ou capturés, plusieurs dizaines de motos saisies et plusieurs caches d’armes neutralisées. Malgré l’accident, les opérations seraient toujours en cours.

Reste que la disparition simultanée de treize militaires laissera des traces, dans les armées et l’opinion publique. Cette nouvelle tragédie pourrait bien marquer un tournant dans les opérations militaires au Sahel.

rfi