Yamoussoukro, la ville voulue et construite par feu Felix Houphouët Boigny, le père de la Nation ivoirienne, vient d’être profanée à plusieurs reprises par des gens qui ne savent même pas pourquoi cette ville est née. Ils ne savent ni quand ni comment et pourquoi cette ville a été conçue et construite. Cette ville abrite au moins trois symboles : la tombe de son bâtisseur, la Fondation pour la paix et la Basilique Notre Dame de la Paix, la plus grande basilique du monde dédiée uniquement à la Paix. On pourrait y ajouter trois autres symboles, le siège de la Chambre des rois et chefs traditionnels ainsi que le siège de la Médiature et du Sénat.
Dans cette ville, vit encore un ancien Premier Ministre de la République. Il y a aussi, un évêque et un imam. Comment pendant plusieurs jours, cette ville destinée à la paix, peut être violée, violentée, défigurée par des jeunes sous le prétexte qu’ils s’opposent à un nouveau mandat d’un candidat qui venait tout juste d’injecter dans cette ville plus de trente milliards pour la rénovation et le renforcement de la voirie uniquement, voirie qui avait été abandonnée depuis la mort du Président Félix Houphouët Boigny? Et qui se prépare à y transférer la capitale effectivement comme l’avait souhaité Houphouët Boigny, après y avoir transféré les sièges du Sénat, de la médiature et de la chambre des rois et chefs traditionnels. Franchement, si en Côte d’Ivoire, une ville ne mérite ni guerre religieuse ni guerre communautaire, ni opposition violente à Alassane OUATTARA, c’est bel et bien Yamoussoukro. Uniquement par respect pour Félix Houphouët Boigny. La vie et la mort de cette haute personnalité mérite en ces circonstances douloureuses qu’on y revienne pour ces jeunes innocents qui ont été manipulés pour la sale besogne commanditée par des adultes tapis dans l’ombre, et aujourd’hui en fuite.
Houphouët était certes un baoulé bon teint et chef traditionnel de la tribu Akouê. Il était fier de sa culture et de ses parents qu’il a choyés toute sa vie. Mais autour de lui, on trouvait plusieurs ethnies et plusieurs adeptes d’autres religions. Sa première femme celle qui lui a donné ses premiers enfants était une princesse Agni musulmane.
Il compte dans sa descendance de nombreux musulmans et non musulmans. D’ailleurs Son premier poste électoral lui a été offert en pays senoufo dans le nord musulman à plus de trois cent kilomètres du pays Baoulé, sa terre d’origine. Il a construit des mosquées en Côte d’Ivoire et en Afrique. Les grands marabouts et les imams étaient ses amis et confidents.
Durant la Tabaski, il distribuait des milliers de moutons partout ici et ailleurs. Pour le hadj à la Mecque, il y envoyait chaque année des centaines de personnes. Est-ce un hasard, si au soir de sa vie, miné par la maladie et surtout par l’ingratitude de ceux pour qui il avait tout fait, Houphouët a jeté tout son dévolu sur un musulman en la personne d’Alassane OUATTARA. Non assurément ! Car il avait commencé son combat politique dans une région musulmane, et donc terminer sa vie avec un musulman ne pouvait pas être le fruit du hasard. C’était son Destin. Le jour de son enterrement Houphouët donna encore un message du vivre ensemble à la postérité. Car après la prière œcuménique à la Basilique, son corps fut remis à sa famille, puis à une confrérie musulmane pour ses rites mortuaires. Ensuite, son corps fut remis aux baoulés pour les rites traditionnels avant la remise au caveau familial où se trouve aussi sa sœur Djénéba, une musulmane. Ainsi, autant de son vivant qu’après, Houphouët a toujours été entourés de musulmans. Bien avant sa mort et le jour même de la pose de la première pierre de la Basilique, le grand imam de la mosquée de Yamoussoukro témoigne en ces termes:
« C’était au lancement des travaux de la Basilique. J’étais là. Houphouët a dit publiquement qu’il allait céder un terrain de 50 ha pour la construction de la grande mosquée de l’Afrique de L’Ouest. Mais l’espace a été utilisé et il ne reste que 20 ha. Je suis en train d’œuvrer à préserver ce qui reste avant d’entamer les démarches pour la construction de la mosquée puisque c’est une promesse du Président Félix Houphouët Boigny ».
Tel était l’homme, le concepteur et le bâtisseur de Yamoussoukro. Il voulait faire de sa ville natale, le symbole du dialogue des religions et du vivre ensemble à travers notamment la construction, face à face, de la plus grande basilique du monde et de la plus grande mosquée d’Afrique. Au lieu de poursuivre et réaliser ce rêve, des hommes politiques à courte vue se lancent dans une autre aventure en créant de toutes pièces une guerre communautaire totalement vouée à l’échec. Une guerre insensée et impossible. C’est pourquoi, les jeunes de Morofoé et de Dioulabougou devraient comprendre qu’ils n’ont pas le droit de détruire ce qu’ils n’ont pas conçu ni construit.
Les jeunes de Yamoussoukro devraient méditer sur cette fameuse phrase de Laurent Gbagbo : « Quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer ».
Bédié a bel et bien décrété la désobéissance civile. Mais est ce qu’il vous a dit, les jeunes de Yamoussoukro, de vous taillarder avec des machettes ? est-ce que Bédié vous a dit de vous tirer dessus avec des fusils à calibre 12 ? Affi N’Guessan a bel et bien dit d’empêcher le déroulement les opérations électorales par tous les moyens pacifiques. Mais est ce qu’il vous a demandé de bloquer les cars de transport public qui ne transportent aucun matériel électoral ou encore de racketter les pauvres passagers qui ne sont point des agents électoraux ?
Est-ce que Bédié et Affi N’Guessan vous ont dit de tirer à bout portant sur les cortèges officiels des représentants de la République ?
Est-ce que Bédié et Affi N’Guessan vous ont dit d’attaquer le quartier « dioulabougou », le quartier des 220 logements, d’incendier des magasins et des ateliers ?
On t’a dit de t’attaquer au quartier Dioulabougou. On t’a dit d’attaquer le quartier Baoulekro. Mais es que tu as vu ou entendu qu’à Abidjan, à Bouaké, à Korhogo, à Paris et à Washington les Baoulés et les Dioulas se battent? Ou bien tu penses que là-bas il n’y a pas de Baoulés et de Dioulas ? On t’a dit que si tu « gnagami » ton coin il n’y aura pas d’élection le 31. Bon maintenant que tu as fini de « gnagami » es ce que il n y a pas eu élection le 31? Jeune homme, ne pense jamais que tu es seul dans ce pays et que c’est ce que tu veux qui va s’imposer à tout le pays. Ne pense jamais aussi que c’est chez toi qui est toute la Côte d’Ivoire. Celui qui t’a dit ça, il t’a trompé. Après t’avoir trompé, il est venu vivre tranquillement à Abidjan avec les dioulas et les baoulés. Il t’a laissé à l’hôpital et dans les mains de la Police. Toi tu es dans pain, lui il mange pain beurré avec sa femme et ses enfants. Tranquillement tranquille. Jeune ! Quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer…
Maintenant que vous êtes traqués et recherchés par la Gendarmerie et la Police, comment allez-vous continuer à aller au champ, à l’école ou aider votre maman veuve dont le maquis aussi a été sinistré ou fermé ?
NON et NON ! Vous avez été trop loin. Ressaisissez-vous. Houphouët Boigny vous a tout donné. De grâce soyez un peu reconnaissant à ce grand Homme.
Jeunes de Yamoussoukro ! pendant que tu mettais le feu à l’héritage d’Houphouët, voici ce qui se passait à l’Ouest« …Du fait de la fragilité psychologique des populations après les crises successives, le mot d’ordre du boycott actif du scrutin présidentiel n’a pas été mené conformément aux consignes….les populations de Toulepleu ont délibérément décidé de se tenir loin des urnes, ont refusé de retirer leurs cartes d’électeurs pour ne pas se compromettre selon eux dans une parodie électorale …si les jeunes du Cavally se sont abstenus de tout acte, préférant la désobéissance passive, …..C’est bien l’environnement psychologique créé par les menaces….qui a commandé leur attitude… ».
Voilà ! tu as brulé, braisé, décapité chez toi… Quel a été le résultat final ?
Vous avez cru mener le bon combat. Mais pour qui ? Et pourquoi ?
Par Fatim Djamilah