Discours du Président KONE Idriss Koudouss prononcé lors de l’ouverture du séminaire organisation par le Centre d’Etude, d’information et de Documentation du CNI sur le thème :Religion et construction d’une nation plurielle démocratique et laïque, le 02 et 03 septembre 2000

Eminences Messieurs les Imams
Eminences Messieurs les Prêtes,
Pasteurs, révérends, et président
des congrégations religieuses sœurs
Honorables invités
Le Conseil Supérieur des Imams et le Conseil National Islamique sont particulièrement heureux de vous recevoir ce matin. Pour la première fois en effet, sur initiative des religieux eux mêmes, la plupart des confessions religieuses de cote d’ivoire se retrouve ce matin pour réfléchir sur :

  •   des problèmes spécifiques aux religieux dans l’exercice de leur fonction
  • la place qui revient de droit aux religieux dans la gigantesque tâche de construction d’une nation plurielle
  •  les rapports entre les religieux et les hommes politiques
  •  le rôle des religieux dans la résolution des crises socio-politiques le rôle des religieux dans la lutte contre les fléaux qui minent notre société et notre environnement tels que la pauvreté,
    le sida et la misère de nos hôpitaux et centres de santé, sans oublier bien sur la corruption active et passive généralisée
  • quel type de synergie entre les religieux pour assurer à notre environnement commun la paix et le bonheur

Voilà, autant de thèmes, qui vont permettre aux religieux et intellectuels de Côte d’Ivoire, d’échanger durant ces deux journées sous le regard du TOUT PUISSANT. Ce seigneur unique que nous adorons tous, mais de manière différente simplement. Dans le saint coran le TOUT PUISSANT proclame : Dites : « Nous croyons en ALLAH et en ce qu’on nous a révélés, et en ce qu’on a fait descendre vers Abraham et Ismael et Issac et Jacob et les tribus, et ce qu ‘on a donné à Moise et à Jésus et ce qui a été donné aux prophètes, venant de leur seigneur : nous ne faisons aucune distinction entre eux. Et à lui nous nous sommes soumis.» s.2v.136.

De tout temps et en tout lieux le rôle des religieux a été important. Mais, cette importance ne peut perdurer que, quand les hommes de foi restent des garants moraux sans peur, courageux, devant les menaces de l’arbitraire et de la division d’où qu’elles viennent, honnêtes et solidaires vis à vis de leurs fidèles et bâtisseurs avec une vision nette sur l’avenir. C’est à cette seule condition que les hommes de DIEU, seront respectés. Nous devons nous lever contre la marginalisation des religieux et la banalisation de la parole de DIEU, à propos des affaires de la cité et de la condition de vies de nos populations. Il nous appartient, en tant que religieux, de tout bord, de nous lever, ensemble, pour transcender les contingences de l’actualité immédiate et penser au long terme, afin que la religion soit présente dans le cœur des femmes et des hommes de ce pays et inspire l’esprit des institutions et des hommes politiques. Cet esprit est partagé aujourd’hui dans de nombreux milieux. Ainsi dans deux ouvrages publiés par l’épiscopat français, à propos de la mondialisation suivi par un autre du VATICAN, sur le thème : « Mémoire et Réconciliation » de la Commission Internationale du Vatican, il est proposé la vision d’une Eglise dont l’attachement tiendrait lieu, de paradigme pour tous les pouvoirs. « Reconnaître les faiblesses d’hier, c’est faire acte de loyauté et de courage. Ce qui ouvre un lendemain nouveau pour tous. »

Dans cet ouvrage, le Pape Jean Paul II déclare : « Au seuil du  troisième millénaire, il est légitime d’espérer que les responsables politiques et les peuples, surtout ceux qui se trouvent pris, dans les
conflits dramatiques, nourris de haine et de souvenir de blessures souvent anciennes, se laissent guider par l’esprit du pardon et de la réconciliation dont témoigne l’Eglise. »
En s’adressant particulièrement lors des journées mondiales de la jeunesse, au mois d’août dernier, le Pape Jean Paul II a déclaré ; « Efforcez vous de rendre cette terre toujours habitable pour tous (…..) Je pense à ceux qui voient naître et se développer, dans toutes les parties du monde, de nouveaux foyers de guerre. Je pense à tous ceux qui luttent pour faire aimer et respecter la vie humaine et qui doivent assister aux nombreuses atteintes portées contre elle et contre le respect qu’on lui doit ». Cette profession de foi du premier responsable de l’Eglise catholique rejoint également le constat de DANIEL LIGHT relaté dans le quotidien Libération no-5990, deuxième édition du 19 et 20 août 2000, « …la foi ne veut plus se contenter de soulever les montagnes, fussent elles balayées par le vent de l’esprit. Elle aspire aussi à amener un souffle nouveau dans la cité. Cette vision des religieux est également partagée par toutes les autres confessions. Ainsi le Rabbin Gilles Bernhein, dans l’ouvrage : « un rabbin dans la cité », décrit le travail religieux comme « un travail de relecture du Livre et de rétablissement du lien social ». Tandis que le recteur de la mosquée de Paris, DALI BOUBAKEUR définit l’islam comme « une communauté de juste milieu et de solidarité ». » Quant à FRITZ LIENHARD enseignant à la faculté de théologie protestante de Montpellier, il réaffirme cette justification du rôle des religieux dans les affaires de la cité en ces termes : « Notre tradition de collégialité et notre système de presbytéro-synodal (consultation des fidèles avant décision) permet de réfléchir à un nouveau rôle de l’état ». A suivre…