L’Islam préconise l’union maritale pour qui possède les moyens de contracter mariage, car celui-ci constitue la moitié de la foi des croyants. Mais si l’entreprise peut être matériel-
lement et administrativement aisée, construire un couple solide et durable relève parfois du parcours du combattant. C’est se leurrer que de croire que le mariage sera la source d’un
bonheur absolu sans houle, que le ou la partenaire comblera toutes ses attentes. Indéniablement, toute relation conjugale normale, surtout à son début, est ponctuée de crises, d’ac-
calmies ou de quiétude. Des épreuves du mariage, la relation des époux peut sortir renforcée ou péricliter pour finalement aboutir au divorce.
en tout état de cause, les
arrive malheureuse-
ment que, malgré tous
leurs efforts de concilia-
tion, certains époux ne
poursuivent pas leur
voyage terrestre ensem-
ble : c’est la rupture pour
des raisons acceptées en
Islam. Il n’y a pas de pire
situation pour les époux
que de devoir cohabiter
en l’absence de senti-
ments partagés ou de pro-
jet de couple, dans une
ambiance de conflit per-
pétuel. L’Islam permet le
divorce, car il est une re-
ligion qui réfute la
contrainte et la négation
des besoins humains fon-
damentaux tel l’épa-
nouissement conjugal.
« L’échec de la vie
conjugale implique le
choix entre deux situa-
tions : ou bien la pour-
suite de la vie conjugale
dans la difficulté, le dés-
accord et la discorde ou
bien la séparation. Nul
doute que choisir de
continuer sa vie conju-
gale dans des conditions
de mésentente n’est en
aucun cas une solution
sage, contrairement à ce
que pensent certaines
personnes qui préten-
dent que cela est un
moindre mal. » [Muham-
mad Ahmad Kan’an, Les
fondements de la vie
conjugale, Maison d’en-
nour, 2005.
Dieu dit : « Si les deux se
séparent, Allah de par sa
largesse accordera à
chacun une compensa-
tion, et Allah est plein de
largesses et parfaitement
Sage. », s.4 An-Nisâ’
(Les Femmes), v.130.
Le Prophète déclare
néanmoins : « La chose
licite la plus détestée au-
près d’Allah est le di-
vorce. » [Aboû Dâwoûd.]
Le divorce suit des
convenances précisées
par le coran : « Le di-
vorce est permis pour
seulement deux fois.
Alors, c’est soit la re-
prise conformément à la
bienséance, ou la libéra-
tion avec gentillesse. […
] », s.2 Al-Baqara (La
génisse), v.229.
« Et quand vous divor-
cez d’avec vos épouses,
et que le délai expire,
alors, reprenez-les
conformément à la bien-
séance, ou libérez-les
conformément à la bien-
séance. Mais ne les rete-
nez pas pour leur faire
du tort ; vous transgres-
seriez alors et quiconque
agit ainsi se fait du tort à
lui-même. […] », s.2 Al-
Baqara (La génisse),
v.231.
« […] Ne maintenez pas
la répudiation en sus-
pens pour recueillir une
part de ce que vous leur
aviez donné. […] », v.4
An-Nisa’ (Les Femmes),
v.19.
quelques précautions
permettent de limiter le
recours abusif et irréflé-
chi à la séparation par le
mari :
– il est interdit de répu-
dier sa femme lors de ses
menstrues ;
– il est interdit de la répu-
dier pendant la période de
pureté rituelle s’il a eu ne
serait-ce qu’un seul rap-
port charnel avec elle.
ʻAbdoullâh Ibnou ʻomar
avait répudié sa femme
lorsqu’elle était indispo-
sée. oumar demanda au
Prophète si le divorce
était accepté. celui-ci lui
répondit : « Ordonne-lui
de la reprendre, puis s’il
tient toujours à la répu-
dier, qu’il le fasse alors
qu’elle est en état de pu-
reté rituelle et avant de
la toucher. »
Néanmoins, selon cer-
tains savants, le divorce
prononcé dans ces condi-
tions est valide, mais le
mari commet un péché.
Comment un homme
répudie-t-il son épouse
?
Il suffit à l’homme de
dire à son épouse : « Tu
es répudiée » ou une
phrase aussi significative
pour que la femme le soit
réellement. La répudia-
tion n’est pas un sujet à
prendre à la légère.
Y a-t-il un des mo-
ments où il est interdit
de répudier l’épouse ?
L’homme ne peut répu-
dier son épouse
lorsqu’elle a ses mens-
trues ou lorsqu’il a coha-
bité sexuellement avec
elle au cours d’un cycle
de purification.
La répudiation sous
condition est-elle valide
?
en la matière, il y a deux
courants :
•celui qui accepte la ré-
pudiation sous condition
: quand un homme me-
nace son épouse d’être
considérée comme répu-
diée si elle effectue tel ou
tel acte, la répudiation
prend effet dès que la
femme accomplit l’acte
en question.
époux croyants se réfèrent au
coran et à la sunna pour arbi-
trer leurs différends. Beau-
coup de conflits ont pour
origine la méconnaissance des
droits et devoirs respectifs des
époux l’un envers l’autre et
l’éthique comportementale
édictés par la religion elle-
même.
La première attitude sera donc
d’apprendre les règles régis-
sant le mariage en Islam et de
les appliquer, surtout
lorsqu’éclate la discorde.
D’une manière générale, il est
recommandé au couple de se
départir du mépris, de l’ingra-
titude et de la rancune. Bien
au contraire, les partenaires
s’obligent à reconnaître leurs
valeurs respectives et d’user
mutuellement de miséricorde.
quand, au cours de l’alterca-
tion, la femme est en tort, qua-
tre solutions se présentent à
l’homme pour la raisonner et
éviter que la dispute ne dégé-
nère :
1. D’abord être à l’écoute et
l’exhorter aimablement.
2. ensuite, si la solution susci-
tée ne fonctionne pas, la bou-
der au lit sans faire chambre à
part.
3. Puis, si la femme persiste
dans son entêtement durant
plusieurs jours et pour éluder
le divorce, le mari peut la cor-
riger d’une façon bien déter-
minée. Les savants
préconisent par exemple l’uti-
lisation d’une tige d’arac pour
la frapper (un bâtonnet d’une
dizaine de centimètres utilisé
pour curer les dents), sans ja-
mais la toucher au visage ni la
blesser. Le Prophète spécifia à
un de ses serviteurs qui l’avait
irrité : « Si je ne craignais pas
la loi du talion au jour de la
Résurrection, je te ferai cer-
tainement bien mal avec ce
cure-dents [d’arac]. » [Ibnou
Saʻd]
4. enfin, si aucune de ces so-
lutions ne porte ses fruits, les
gens connus pour leur sagesse
et leur bonté doivent interve-
nir pour réconcilier le couple.
Allah dit à ce propos : « Les
femmes vertueuses sont
obéissantes [envers leur
mari], et protègent ce qui doit
être protégé, pendant l’ab-
sence de leur époux, avec la
protection d’Allah. Et quant
à celles dont vous craignez la
désobéissance, exhortez-les,
éloignez-vous d’elles dans
leurs lits, et frappez-les. Si
elles arrivent à vous obéir,
alors ne cherchez plus de voie
contre elles, car Allah est
certes, Haut et Grand ! Si
vous craignez le désaccord
entre les deux [époux], en-
voyez alors un arbitre de sa
famille à lui, et un arbitre de
sa famille à elle. Si les deux
veulent la réconciliation,
Allah rétablira l’entente entre
eux. Allah est certes, Omnis-
cient et Parfaitement
Connaisseur. », s.4 An-Nisâ’
(Les Femmes) v.34-35.
Le Prophète déclarait : « Pour
quelle raison l’un de vous
frappe-t-il sa femme comme
on frappe son esclave ? Il se
peut qu’il ait des rapports
avec elle en fin de journée. »
[rapporté par Ahmad.]
Il déclara au sujet de ceux qui
molestaient leurs épouses : «
Vous ne les trouverez pas
parmi les meilleurs d’entre
vous. » [An-Nassâ’i.] Aïcha
(raa) dit : « Jamais le Messa-
ger n’a frappé une de ses
épouses ou un de ses servi-
teurs. Il n’a jamais frappé
quelqu’un de sa main, sauf
dans le sentier d’Allah, ou
lorsqu’on transgresse une
des limites d’Allah. Dans ce
cas il se venge, pour Allah, du
transgresseur. »
Il est plus du ressort de
l’homme de faire montre de
douceur, de patience et de pé-
dagogie face aux maladresses
de son épouse, car celle-ci
subit parfois l’influence mal-
heureuse de ses hormones fé-
minines. De plus, Allah a
investi l’homme de l’autorité
— à ne pas confondre avec la
dictature —, de la direction du
couple et de la charge d’édu-
quer sa conjointe lorsque cela
s’avère nécessaire.
Le Prophète a enseigné : « Le
croyant ne doit pas mépriser
son épouse croyante, si un
trait de son caractère lui dé-
plaît, qu’il se rappelle ses au-
tres qualités. » [Mouslim.]
L’épouse aussi devra manifes-
ter de la patience et de la dou-
ceur face aux préjudices
causés par son compagnon,
quitte à écraser son égo pour
que la paix revienne dans le
ménage.
Le Prophète demanda : « Vou-
lez-vous que je vous informe
sur vos femmes, lesquelles
iront au paradis ? » Les com-
pagnons répondirent : «
Certes, ô Messager d’Allah !
»Il dit : « Celles qui sont fé-
condes, affectueuses. Quand
elles sont en colère ou quand
leur mari est en colère, elles
cherchent la réconciliation et
disent à leur époux : “Voici
ma main, je la mets dans la
tienne, et je ne goutterai pas
au sommeil tant que tu ne
seras pas satisfait.” » [At-Ta-
barânî.]
Il est également dit qu’une des
femmes destinées au paradis
est celle qui meurt en ayant
supporté le mauvais caractère
de son mari, car l’époux est le
jihad de la femme ; de même,
celle dont le conjoint est entiè-
rement satisfait : l’homme est
en effet soit le paradis, soit
l’enfer pour sa compagne.