A Christchurch, plus de trois mois après l’attaque terroriste qui a endeuillé lourdement les mosquées Al Noor et Linwood, et alors même que ce drame épouvantable continue de hanter les esprits, l’édification d’un Mémorial au cœur de cette ville meurtrie de Nouvelle-Zélande est à l’étude.
Pour ne jamais oublier les 51 victimes musulmanes – la plus jeune avait trois ans et la plus âgée 71 ans – abattues lâchement dans le havre de paix de la Maison de Dieu, et célébrer l’extraordinaire unité de tout un peuple face à l’innommable, par-delà ses différences, l’idée d’un Mémorial a rapidement germé et fait son chemin.
Son grand promoteur n’est autre que Mustafa Farouk, le président de la Fédération néo-zélandaise des associations islamiques ( FIANZ ). De l’idée à la réalisation, il n’y avait qu’un pas à franchir, ou plutôt qu’une première maquette à réaliser, afin de visualiser le concept, le parti pris architectural et l’ampleur du projet.
Le Mémorial, tel que Mustafa Farouk l’a pensé et imaginé, en concertation étroite avec d’autres responsables musulmans à l’échelle nationale, doit favoriser le devoir de mémoire mais aussi la résilience face au mal absolu, dont personne n’aurait pensé qu’il surgirait un jour des profondeurs pour frapper en plein cœur une terre hospitalière et sûre.
« Il sera construit en mémoire des 51 vies innocentes qui ont été foudroyées par la barbarie islamophobe. Il commémorera également la plus grande tragédie jamais commise ici, et la manière avec laquelle les Néo-Zélandais n’ont fait plus qu’un, quelles que soient leurs origines et leurs confessions, serrant les rangs et tombant dans les bras les uns des autres », a expliqué le président de la FIANZ.
« Il pourrait comprendre un espace de conférence, ainsi qu’un endroit réservé aux familles pour se recueillir en toute quiétude, ou s’imprégner de l’atmosphère particulière du lieu et prendre le temps de le contempler », a-t-il précisé.
Conforté dans le bien-fondé de sa démarche par l’accueil favorable que lui ont réservé les autorités locales et d’éminentes personnalités musulmanes néo-zélandaises, Mustafa Farouk s’est déjà mis en quête de généreux mécènes.
Des mécènes à la fois issus de la sphère institutionnelle et religieuse – musulmans, juifs, mormons et anglicans – à Christchurch, Auckland et Wellington, la capitale du pays, et représentant d’autres contrées. Dans cette optique, la maquette conceptuelle a été récemment présentée aux ambassadeurs saoudien, turc, émirati et koweïtien en poste à Wellington.
Lorsque le projet de Mémorial sera vraiment abouti, ce qui ne saurait tarder selon Mustafa Farouk, ce dernier, accompagné de toute une délégation, le dévoilera officiellement lors d’une grande réunion publique à Christchurch, en présence des rescapés et des familles des victimes. Il se prépare d’ores et déjà à ce temps fort qui s’annonce chargé d’émotion, pleinement conscient que le devoir de mémoire qu’il appelle de ses vœux fera ressurgir inévitablement de douloureux souvenirs.
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